Interconnexion de réseaux

Vous le savez peut être, ou peut être pas … Du coup, petit précis rapide de fabrication d’internet.

Dans le mot « internet », on entends deux choses :

  • Net, pour Network, réseau. Jusque là, rien de bien compliqué.
  • Inter, c’est le préfixe idoine pour désigner quelque chose qui se trouve entre d’autres choses.

Internet, c’est donc ça. La chose qui est entre les réseaux. Par exemple, lorsque vous regardez votre série favorite sur Netflix, le flux de donnée qui compose les images que vous voyez et le son que vous entendez provient d’une machine située sur le réseau géré par Netflix.

Pour qu’Internet fonctionne bien, il faut donc que les réseaux soient reliés les uns aux autres. Chez SCANI, c’est le cas avec bon nombre d’opérateurs au travers de deux plateformes technique d’échange de donnée (on nomme ça un « point d’échange » en français, « internet exchange » en anglais). Être connectés à au moins deux camarades de jeu est la condition sinéquanone pour « faire partie d’internet ». Sans ces interconnexions, votre réseau est simplement le client d’un autre réseau.

Ceci concerne le « haut » d’internet. Mais l’interconnexion existe aussi à tous les autres niveaux. Si le cœur de métier de SCANI est de construire un réseau pour connecter ses membres entre eux, on ne souhaite pas forcément réinventer la poudre et, s’ils nous sont accessibles et qu’ils sont performants, on ne va pas s’enquiquiner à construire des réseaux là ou il en existe déjà.

Par exemple, pour relier l’Yonne à Paris (qui est le seul endroit en France ou on peut espérer s’interconnecter convenablement aux autres opérateurs), on ne s’est pas amusés à creuser les champs. On utilise quelques morceaux de réseaux de gros opérateurs nationaux et internationaux qui nous permettent de faire circuler nos données entre notre morceau de réseau parisien et le réseau radio qu’on construit dans l’Yonne, le tout via Dijon, Lyon, Besançon et Strasbourg.

Des réseaux, on en trouve dans tous les sens. Le nerf de la guerre est de savoir d’où ils démarrent et jusqu’où ils vont. Si on trouve en prime qui en est le propriétaire, c’est génial.

Aujourd’hui, on va s’intéresser à trois réseaux avec lesquels SCANI essaie d’obtenir une interconnexion

Le réseau BFC Fibre

On vous a déjà parlé ici même de BFC Fibre. Il s’agit d’une filiale d’Orange qui est entrain de construire (avec l’argent de nos impôts) et va ensuite exploiter pendant 15 ans le réseau fibre optique devant être déployé dans le Migennois, une partie du Jovinien, le Florentinois et une partie de l’Aillantais. Pour un total de 57000 prises, ce réseau vient juste de démarrer avec la livraison des 400 premières prises ce mois ci à Migennes. Les premiers raccordements finaux sont en cours.

L’intérêt de SCANI dans cette interconnexion est de pouvoir aller livrer des connexion fibre optique directement chez les particuliers, entreprises et collectivités concernées par ce déploiement.

Pour schématiser, on dérive un bout de notre réseau fibre optique à un endroit donné sur le réseau BFC Fibre, et HOP, on peut l’emmener, à travers ce nouveau réseau, vers chaque point qu’il dessert ou desservira à l’avenir.

Enfin, ça, c’est la théorie. La loi ELAN de 2018 oblige les réseaux d’initiative publique à proposer ce type d’interconnexion (dite « offre activée »), mais dans le cas de BFC Fibre, point d’offre activée, il nous faudra donc, si on veut tout exploiter, venir interconnecter nous même l’ensemble des plaques géographiques du réseau (Migennes, Saint Florentin, Joigny, Aillant, …) et déployer du matériel dans chaque armoire.

Même si c’est un coût non négligeable, on aimerai bien le faire quand même. Nous avons donc demandé poliment, en janvier 2019. Nous sommes un an plus tard, nous n’avons réussi à obtenir qu’une estimation financière. Aucun plan du réseau, aucun contrat à signer … Bref, c’est pas gagné ! Nous avons rendez-vous fin janvier avec l’ARCEP, notre autorité de régulation nationale, pour tenter de savoir comment s’y prendre.

Pour plus d’infos sur cette négociation, c’est par ici.

Le réseau RCube

Là, on est beaucoup plus proche de notre métier actuel. RCube est un réseau hybride fibre / radio géré par la région Bourgogne Franche Comté. Il est l’évolution de l’ancien réseau Wimax qui a été modernisé en 2017 et 2018.

Il utilise les principes et technologies de la 4G, mais il ne faut pas tout confondre : ce n’est pas de la téléphonie mobile mais bien d’internet fixe : il s’agit d’accrocher des antennes sur les bâtiments. Si la région déploie ce réseau, elle ne vends pas de service aux utilisateurs finaux et ne l’a pas connecté à internet. Ce travail reste à la charge des fournisseurs d’accès.

De la même façon que le réseau BFC Fibre, l’idée de base pour SCANI est donc de se brancher à un endroit du réseau RCube pour bénéficier directement de toute sa couverture existante pour rapatrier ensuite le trafic sur notre réseau propre et d’aller jusqu’aux autres opérateurs avec qui nous sommes connectés.

Là, plutôt que de parler à un grand mur qui ne répond presque jamais; on s’adresse à la région. Même si les relations n’ont pas toujours été très cordiales, la situation s’est beaucoup améliorée et il faut reconnaître que c’est tout de même bien plus simple de finir par se mettre d’accord avec des élus et des fonctionnaires qu’avec Orange.

Nous avions suggéré un fonctionnement bénéfique pour tous il y a 2 ans, mais faute d’insister, ça n’avait rien donné. Fin 2019, lors d’un déploiement dans le Gâtinais, un élu nous signale que notre point de départ sélectionné est éligible RCube et se questionne très justement sur la mutualisation possible.

L’idée consiste à utiliser RCube pour connecter deux morceaux totalement isolés de notre réseau propre. C’était précisément l’objet de nos propositions, on se dit donc qu’on va essayer, car qui ne tente rien n’a rien.

On se fait repérer par la région qui nous questionne sur nos objectifs à connecter en 4G le clocher d’une église. Préférant la transparence, on leur explique qu’on est entrain de mettre en œuvre indirectement ce qu’on leur avait proposé il y a quelques mois. Le sujet refait donc surface et fait son bout de chemin à Dijon et à Besançon.

Après avoir connecté une petite dizaine de membres à ce clocher, lui même connecté en 4G à un opérateur tiers via le réseau RCube, puis à notre réseau à nous au moyen d’un tunnel virtuel, la conclusion est là : même si c’est globalement moins performant qu’une collecte fibre optique, ça peut fonctionner pour un nombre réduit de membres (on établi actuellement la limite à 15)

Fort de cette expérimentation, nos discussions avec la région avancent bien. On va donc pouvoir probablement interconnecter en un ou deux points distincts le réseau de SCANI et RCube.

Outre le fait que cela permet de démarrer des collectes dans des endroits jusqu’ici difficilement accessibles, c’est aussi la possibilité de relier des sites totalement isolés sans attendre d’avoir 2 ou 3 personnes intéressées. Plus largement, cette opération permettra de relier toute personne qui soit directement à porté du réseau RCube.

Le réseau Altitude Infrastructure

Ce réseau vient tout juste d’être voté par le département. Sur un principe fonctionnel relativement proche de celui de BFC Fibre, il est toute fois géré par un autre acteur (Altitude Infrastructure).

Même si la façon dont ce réseau a été voté ne nous a pas semblé être la bonne (notamment du côté de l’embargo sur les documents que nos élus auraient dû pouvoir consulter au calme pour prendre une délibération éclairée), il faut reconnaître que, si ce qui est indiqué sur le papier est tenu, c’est clairement un meilleur deal que celui effectué il y a quelques années pour BFC Fibre.

L’une des bonnes nouvelles, c’est que ce réseau proposera des offres activées, permettant beaucoup plus de simplicité d’exploitation pour nous.

L’autre bonne nouvelle, c’est que c’est Altitude qui est venu directement vers nous en ce début 2020 afin de discuter des modalités de cette interconnexion et, plus largement, de la façon d’articuler nos actions respectives.

A suivre, donc !

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