Exploiter un réseau FTTH passif, pas si simple …

À l’occasion de quelques rencontres et réunions, nous avons enfin réussi à avancer avec BFC Fibre, filiale d’Orange, en charge du déploiement d’un gros tiers des prises de fibre optique non encore planifiées dans notre département (les 2 autres tiers étant confiées à la société Yconik, filiale d’Altitude infrastructure).

Afin de bien comprendre la suite, un petit rappel s’impose, pour expliquer la différence entre une offre passive et une offre activée sur les réseaux FTTH :

  • Une offre passive permet à un opérateur (SCANI, par exemple) de louer à un exploitant de réseau (ici Orange) des morceaux de ce réseau pour faire ce qu’il a à faire avec. Un segment de fibre par ici, une place dans une armoire de rue par là, etc … Ces offres sont généralement conçues pour les gros opérateurs qui ont les moyens de déployer leurs propres équipements un peu partout. Pour autant, dans la théorie, elles sont ouvertes à tous types d’opérateurs.
  • Une offre activée, quant à elle, permet à un opérateur (généralement plus modeste qu’un Free ou un SFR), de n’avoir à se connecter qu’à un seul point d’un réseau X ou Y pour y collecter le trafic de ses abonnés sans avoir à déployer tout un tas de matériel sur le terrain.

Notre petite coopérative aurait tout intérêt à souscrire à cette seconde offre. Même si elles sont généralement plus onéreuses par abonné (puisque l’opérateur qui la commercialise doit prendre à sa charge le matériel à déployer), elles restent toujours plus pertinentes lorsqu’on ne dispose pas de dizaines de milliers d’abonnés.

Oui mais voilà …

Point d’offre activée sur la part du réseau de l’Yonne qui est conçue et gérée par Orange. C’est un choix fait par le département, probablement dicté par un raisonnement financier : demander à Orange de proposer une offre activée sur le réseau coûte plus cher et ne va pas servir aux « gros opérateurs », elle ne présente donc que peu d’intérêt pour eux.

Là ou c’est rigolo, c’est que les 115000 dernières prises qui seront construites par Altitude Infrastructure avec 0€ d’argent public mobilisé disposeront de cette offre activée. Allez comprendre.

Les offres passives, donc

Nous voilà donc partis dans l’idée de recourir aux offres passives d’Orange, au moins pour ce qui concerne le Jovinien et le Migennois, secteurs qui concentrent le gros des membres de notre coopérative en centre-Yonne.

La décision est prise à l’été 2019 chez SCANI et, depuis ce jour, nous demandons donc à Orange de nous envoyer un contrat à signer pour pouvoir souscrire leurs offres passives … une base incontournable.

Z’êtes pas sur la liste !

Hollaaaa ! Pas si vite. Pour travailler avec un OI (opérateur d’infrastructure), il faut être sur la liste R9.2. C’est un peu comme pour les soirées privées, si t’es pas sur la liste, tu rentre pas.

Là ou ça devient amusant, c’est que ça paraphrase totalement le sketch de Maxime. Pour être inscrit sur la liste R9.2, l’ARCEP (notre autorité de tutelle, aussi qualifiée de « gendarme des Télécoms ») demande qu’on apporte la preuve qu’on travaille avec un opérateur d’infrastructure. Mais c’est justement pour travailler avec un opérateur d’infrastructure qu’on a besoin d’être inscrits sur cette liste.

Bref, ça a pris quelques mois (12, en fait), mai on a fini, un beau matin, par apparaître sur la liste. Du coup, on s’attendait à avoir un contrat rapidement, mais notre dossier a dû mourir écrasé sous une pile.

La réunion avec des élus

Un élu, en plus de tout ce qu’il fait pour le territoire, c’est pratique, surtout quand y’en a un tas et qu’ils sont remontés comme des pendules.

Nous avons assisté à une réunion initiée par le département pour présenter l’état du déploiement de la fibre à l’ensemble des communautés de commune. A cette occasion, Orange s’est fait remonter les bretelles et a fini par assurer que « non non, pas de problème pour travailler avec SCANI ! ».

Dont acte … Il est ou le contrat ?

« Alors, attendez, d’abord on va vous présenter nos offres que vous vous rendiez bien compte de comment c’est compliqué ! »

Bon, on ne va pas être de mauvaise foi, la réunion du 16 décembre, bien que très tardive, était utile et on a appris des choses. Entre autre :

Ce n’est pas un scoop, mais on a à présent la certitude qu’Orange, et plus globalement l’ensemble du secteur, est organisé dans une sorte d’entre-soi d’où difficulté pour eux de s’adresser à un petit opérateur, ce qui explique, sans toute fois l’excuser, le temps depuis lequel SCANI se débat pour accéder à ces réseaux.

Nous avons également appris, qu’il était nécessaire de respecter les protocoles de communication « interop fibre » pour pouvoir commander des services à Orange. On aurait aimé avoir cette information à l’été 2019, mais l’important, c’est de finir par avoir tous les éléments. On nous a bien mis en garde sur la complexité de la chose. Nous avons bien répondu que nous maîtrisions nos outils et qu’effectuer des développements complémentaires ne posait pas de problème majeur.

Du coup, dès le weekend suivant (19 et 20 décembre) nous avons exploré cet univers inconnu mais (il faut le souligner) fort bien documenté et avons développé les primitives nécessaires pour ingérer les fichiers Interop dans notre système d’information.

Pour les curieux un peu technophiles, il s’agit majoritairement de flux d’informations au format CSV rassemblant l’ensemble des données FTTH, bâtiment par bâtiment et qui permet à tous les opérateurs, qu’ils soient d’infrastructure ou commerciaux, de travailler sur une base commune.

Voici ce que donne une vue cartographique « vite faite » des données récoltées pour la zone de Brienon :

Un petit zoom vers le milieu pointe déjà quelques manques dans le référencement qui risquent de créer de l’énervement chez les habitants concernés quand « la fibre sera disponible » :

Tant pis pour les gens qui habitent peut-être au milieu de la forêt …

T’as le code ? Y faut un code !

L’histoire n’est pas terminée … ce lundi 21 décembre, nous apprenons (décidément, nous allons de découverte en découverte) qu’il faut également un « code interop », sorte d’identifiant d’opérateur, pour pouvoir communiquer avec les outils de commande d’Orange. Le code ARCEP et l’inscription sur la liste R9.2 ne sont manifestement pas suffisants … qu’à cela ne tienne, on va faire ce qu’il faut.

Bref …

Nous n’avons toujours pas de contrat à signer mais on se rapproche du bout du tunnel dans lequel nous nous sommes engouffrés il y a plus de 18 mois.

Nous ferons, début 2021, une explication un peu plus détaillée sur les coûts de toute cette histoire et l’avenir de SCANI en matière de fibre.

Commentaire (2)

  • Denis| 22 décembre 2020

    Je reçois des mails en ce moment parlant de l' »ouverture des offres activées FttH et FttE sur 2 départements de BFC Fibre ». Vous aurez peut-être accès à l’activé avant de signer le contrat passif 😀

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