Ce jeudi 7 février se réunissait la commission d’aménagement numérique de la CC Serein Armance. SCANI souhaite apporter quelques précisions et exprimer divers avis et questions à la lecture du compte rendu.
Quelques précisions d’acronymes pour nos lecteurs perdus : FTTH « Fiber To The Home » consiste à amener une fibre optique jusqu’aux domiciles des abonnés. Pour faire ça, il faut poser de nouveaux câbles partout, jusque dans chaque habitation. La MeD « Montée en Débit » (parfois aussi appelée PRM, « Point de Raccordement Mutualisé ») consiste à amener 6 fibres jusqu’au dernier point de répartition du réseau d’Orange et de leur demander (à Orange) d’y raccorder les anciennes lignes téléphoniques existantes. Les lignes deviennent plus courtes et le débit de l’ADSL est amélioré.
Le FTTH permet d’envisager des débits de l’ordre de 1000Mbps pour l’ensemble des lignes. La MeD permet d’obtenir, dans un rayon de 100 mètres autour de la zone de travaux, des débits de l’ordre de 70Mbps, mais elle s’essouffle très vite (moins de 20Mbps après 1km, moins de 3 après 4km)
Revenons sur le compte rendu de la réunion de la CCSA : il est en effet regrettable que les délais annoncés ne soient pas tenus, mais il faudra s’y habituer, c’est monnaie courante. Cet état de fait découle directement des choix politiques au niveau national et européen. Ces erreurs sont particulièrement criantes dans l’Yonne, comme le souligne la commission : Orange s’est « accaparé » le marché sur Sens et l’Auxerrois.
Mais il ne faut en rien regretter que l’investissement privé n’aille pas plus loin. Le réseau est un sujet trop sérieux pour être laissé aux seules mains du privé.
De meilleurs choix politiques nationaux auraient pu contraindre à une péréquation financière, obligeant les opérateurs déployant des réseaux en propre dans les zones dense à financer les déploiements dans les zones moins denses, mais ce combat semble bien loin de nos jours. Il nous semblait toute fois utile de l’évoquer.
Pour continuer à parler d’argent, la commission souligne à plusieurs reprise que le poids financier qui pèse sur la collectivité est lourd à porter. Il nous semblerait utile, s’agissant d’investissement, que la CC Serein & Armance questionne le département, propriétaire du réseau, sur le tarif de location des lignes FTTH qui sera appliqué aux opérateurs et, donc, sur les montants que l’investissement produira en fonction du taux d’adoption, afin d’estimer la durée potentielle du retour sur investissement.
La commission regrette que certaines opérations de montée en débit aient été annulées, augmentant donc le délai avant lequel les citoyens pourront bénéficier d’un meilleur débit. Nous concernant, nous considérons que la montée en débit est une hérésie. Contrairement au réseau FTTH, propriété publique, la montée en débit consiste à subventionner Orange pour lui faire améliorer son propre réseau et à son seul bénéfice. Si on ajoute à cet état de fait que les clients des opérateurs concurrents d’Orange et concernés par cette montée en débit seront « regroupés » et perdront donc fort probablement l’accès à certains services, on se demande bien pourquoi tant d’argent public y est investi.
Un petit calcul rapide, si on prend en compte le budget global de l’aménagement numérique dans l’Yonne, les communautés de communes sont mises à contribution pour environ 20%. La contribution de la CCSA s’élève à 45720 € pour la montée en débit de Germigny. On peut donc tabler sur un investissement public global de 230k€. Le sous-répartiteur de Germigny concernés par ce montant compte un peu plus de 300 lignes. Nous avons donc une subvention publique à Orange de 750 € par ligne.
750 € par ligne, à fonds perdus. Dans des endroits ou la commission demande, à juste titre, que la montée en débit n’entrave pas le déploiement du FTTH, et ou il faudra donc réinvestir rapidement pour amener la fibre. Fibre qui rapportera de l’argent chaque mois dans les caisses publiques pour un montant global probablement équivalent, voir plus faible.
Pourquoi cet argent n’a-t-il pas été, dès 2011, lors de la rédaction du premier schéma directeur départemental, affecté au déploiement du FTTH ?
Pourquoi a-t-on dû attendre 2018 pour que les premières dalles béton du réseau fibre de l’Yonne soient coulées ?
Sans critiquer le choix fait de confier à Orange la réalisation et l’exploitation du réseau FTTH, qui s’est soucié de savoir si d’autres opérateurs pourraient (ou simplement souhaiterai) venir exploiter le-dit réseau ?
Doit-on appliquer l’adage « cherche à qui le crime profite » ?
SCANI tient enfin à remercier la CCSA pour avoir mentionner l’existence de notre coopérative et s’excuse auprès de ceux qui auraient pu être froissés par le présent billet ou à d’autres occasions. A toute fins utiles, nous sommes à la disposition des élus qui souhaiterai mieux comprendre l’univers des réseaux et d’internet.
Commentaire (4)
Denis| 9 février 2019
« Sans critiquer le choix fait de confier à Orange la réalisation et l’exploitation du réseau FTTH, qui s’est soucié de savoir si d’autres opérateurs pourraient (ou simplement souhaiterai) venir exploiter le-dit réseau ? »
Il n’y a pas eu d’appel d’offre ?
bruno| 9 février 2019
Pour la construction du réseau, oui … Pour son exploitation, non. Et c’est le problème majoritaire des réseaux d’initiatives publiques … Bon nombre n’ont qu’un ou deux opérateurs exploitants.
Philippe| 9 février 2019
L’exploitation d’un réseau d’initiative public est forcément soumis aux règles des marchés publics.
Il ne faut pas oublier également l’action de Région pour apporter du Très haut débit radio avec le réseau RCube dans les zones rurales en complément des solutions existantes localement.
bruno| 9 février 2019
La mise en route du réseau et le rôle « d’opérateur d’opérateurs », oui. L’exploitation qui en découle, et l’implantation d’équipements pour activer le réseau passif est ouvert à tous les opérateurs … enfin, à tous ceux qui veulent *et* peuvent venir, c’est à dire pas grand monde en général. La question était donc de savoir qui, en dehors d’Orange, a promis de venir activer le réseau FTTH régional.
Puisqu’on est sur le sujet, on voudrait bien aussi savoir ce que pensent les concernés de l’article L1425-1 modifié dernièrement par la loi ELAN qui fait obligation, lorsque les réseaux sont partiellement ou totalement financés sur fonds publics, que ceux-ci proposent une offre activée ? 🙂
Et RCube a été mentionné aux côtés de SCANI dans le compte rendu de réunion, qu’on se rassure … même si la phrase était étrangement tournée : « Par ailleurs, dans l’attente du déploiement de la fibre ou pour des habitations/entreprises qui resteront isolées, il existe d’autres possibilités d’accès à internet dont SCANI, ou (via le réseau R3 de la Région Bourgogne Franche-Comté) OZONE »