Premier pylône public équipé

Dans le cadre du « newdeal mobile », les quatre gros opérateurs de téléphonie mobile en France ont obtenu le renouvellement d’autorisation ou l’attribution de nouvelles fréquences de façon gratuite (un cadeau de quelques 3 milliards d’euro) contre l’engagement d’aller (pour résumer) couvrir la pampa à minima en 3G, idéalement en 4G.

Dans notre département, ce « deal » s’est soldé par la construction de 25 nouveaux pylônes (aux frais du contribuable) qui ont ensuite été équipés (par Free au nord de l’Yonne et Bouygues au sud et à l’ouest, de ce qu’on sait) pour permettre de boucher un certain nombre de trous de couverture.

On parle ici de téléphonie mobile, pas d’internet fixe. La puissance publique paie le terrain, le pylône et son installation, l’opérateur paie son matériel et son installation sur le pylône et il n’y a aucun coût de location, chacun devant prendre soin de ses affaires.

Plus haut, toujours plus haut

Lors du vote du budget relatif à ces constructions (on parle quand même en millions d’euro pour 25 pylônes), quelques élus de notre département ont, à juste titre, souligné qu’investir autant d’argent uniquement pour que 4 multinationales puissent vendre leurs services, c’était un peu « too much » et que tant qu’à monter des pylônes, il faudrait veiller à ce que (par exemple) notre petit opérateur local puisse également y avoir accès (SCANI, donc).

Avant avoir eu le temps de dire « ouf », et sans que nous ayons été consultés, la décision est prise de rehausser tous les pylônes de plusieurs mètres. De notre côté, on préfère militer pour que tous les acteurs, petits comme gros, puissent utiliser ces infrastructures, mais beaucoup considèrent que ces quelques mètres en plus sont « pour SCANI ». Fort heureusement, nos antennes ne sont pas si grosses et 50 centimètres suffisent amplement. Ça laisse de la place pour les copains suivants !

Début 2019, cette affaire de nouveaux pylônes et de rehausse fini par arriver à nos oreilles. On notera qu’au moment ou on écrit ces lignes (1 an 1/2 plus tard, donc) on ne connaît pas la localisation précise de la majorité de ces pylônes … Personne n’a été en mesure de nous fournir la liste.

Ça n’a pas grande importance dans la mesure ou SCANI ne déploie du réseau que là ou il y en a besoin. Si d’aventure un membre repérait un de ces pylônes lors de ses promenades, on finirait bien par avoir l’information.

Revenons en à début 2019. La mairie de la commune nouvelle de Charny Orée de Puisaye nous indique 4 implantations, respectivement sur Villefranche, Chevillon, Dicy et Prunoy. 4 villages en manque criant de débit et proche de notre relais principal du secteur situé au sud de Charny. On se dirige donc vers l’équipement de ces 4 pylônes et on installe, au printemps 2019, deux premiers coffrets prévus pour accueillir notre petit matériel en bas des pylônes (à droite sur la photo). On prépare l’installation électrique et le câblage et on laisse l’arrivée en attente sous le tableau électrique installé par Bouygues (au centre sur la photo).

Pour le courant, on fait comment ?

S’engage alors un chemin de croix pour arriver à brancher ce câble : la solution la plus commune est que chaque opérateur dispose de son propre compteur électrique, mais la perspective de plusieurs milliers d’euro de mise en service et d’un abonnement mensuel pour une consommation équivalente à celle d’un frigo de camping car ne nous séduit pas énormément.

On fini par parvenir à convaincre Bouygues de nous laisser nous alimenter chez eux. C’était à la fin de l’été 2019. Reste un tout petit détail : qui fait ce branchement ? Bien entendu, on sait faire, proprement et, sauf incident, sans coupure d’alimentation, mais, s’agissant de l’installation d’un autre opérateur, on préfère que ce soit quelqu’un qui soit officiellement mandaté par l’opérateur en question qui effectue l’opération.

A force de tergiversation et à la fin du confinement, on fini par avoir un RDV pour mettre en service l’électricité sur les 4 implantations. Rendez-vous qui se solde, pour résumer, par « oh ben c’est une clé standard pour le tableau électrique et y’a des disjoncteurs en rabe déjà installés, faites votre vie, vous avez pas l’air d’une bande de vandale ». Quasi un an d’attente pour ça .. si on avait su, on se serait branchés en septembre 2019.

Préparation en amont

Qui dit nouveau relais, surtout à cette hauteur, dit arrivée potentielle de quelques nouveaux membres. Nous avons donc commencé par renforcer le réseau en amont pour permettre d’amener sur place un débit suffisant.

L’opération a consisté à changer deux antennes en haut du château d’eau situé au sud de Charny. On remercie au passage la Fédération des Eaux de Puisaye pour leur prompte réponse et on s’excuse pour les deux annulations de dernière minute.

Cette opération permet le renfort de deux des trois liaison principales du secteur :

  • La primaire, ralliant la zone de Grandchamp ou nous disposons d’une collecte fibre. C’est par là que le trafic s’écoule en temps normal
  • La secondaire, ralliant le plateau de Taingy ou nous disposons d’une ligne VDSL de secours
  • La tertiaire, ralliant la zone du Val d’Ocre, elle même connectée aux zones d’Auxerre et de Joigny (toutes deux munies d’une collecte fibre)

Plus tard, si le nouveau secteur couvert par les 4 fameux pylônes venait à s’étoffer, une antenne directionnelle dédiée serait installée sur ce château d’eau et un plan (encore hypothétique) est possible pour relier directement l’un des 4 pylônes à la zone existante de Joigny

Maintenant, il faut monter

Le jour J est arrivé, il va falloir grimper. Ça n’a l’air de rien, 45 mètres, mais sans nacelle, il faut non seulement monter le bonhomme mais aussi le peu de matériel dont il a besoin en haut. L’antenne de réception (1kg), un routeur (1kg) et les 3 antennes d’émission (500 grammes chacune), de l’eau, quelques outils … Mais surtout, les câbles pour brancher tout ça en bas du pylône.

C’est finalement ça qui est le plus lourd et le plus enquiquinant à monter, le vent n’aidant pas à ce que tout reste bien droit et ne s’emmêle pas dans la quantité de lamelles et de boulons qui traînent un peu partout dans le corps d’un pylône.

Et une fois le matériel installé en haut, il faut descendre et fixer les câbles aux lamelles prévues tout le long de l’échelle, sans oublier la petite photo souvenir :

Côté sécurité, ces gros engins sont tout de même forts sympathiques et embarquent, tout le long, un rail dans lequel on glisse un bloc anti-chute, lui même accroché au bonhomme, qui ne risque donc rien d’autre que de la fatigue :

La mise en sécurité de la personne qui monte est importante, mais une fois qu’il est perché, il ne faut pas que ceux qui sont en bas oublient que des objets peuvent dégringoler. On a beau attacher ou ranger les outils au maximum, on a quand même vu un mètre et une boite en plastique faire le grand saut. Casque recommandé !

Ce n’était pas le premier pylône équipé par SCANI, mais c’était le premier du « newdeal mobile » et c’est quand même chouette d’avoir réussi, donc deuxième petite photo souvenir (qui donne une idée de la taille de nos antennes)

Remerciements

Ce nouveau relais n’aurait pas été possible sans :

  • l’attention des élus de notre département qui ont défendu la possibilité pour les petits opérateurs d’accéder à ces équipements publics (un merci particulier à Nicolas et à Thierry)
  • l’accompagnement et les autorisations de la commune nouvelle de Charny Orée de Puisaye (un merci particulier à Michel)
  • la bienveillance de la Fédération des Eaux de Puisaye Forterre (la liste des mercis particuliers serait trop longue)
  • l’autorisation de Bouygues pour se brancher sur leur TGBT pour alimenter notre relais (un merci particulier à Thierry)
  • la pugnacité et l’entêtement des locaux qui ont fait les repérages, la coordination, la logistique, les coups de fil, les relances, etc. (un merci particulier à Morvan)

Plus que 3 pylônes avant d’attaquer les 21 suivants ! 🙂

Commentaire (8)

  • X3N| 11 juillet 2020

    Félicitations ! 🙂

  • Maudet Luc| 13 juillet 2020

    Une action qui s est faite en concertation, merci à Charny Oree de Puisaye pour le portage du projet. Chacun a pu apporter sa contribution, l’état, le SDEY, les collectivités.
    Et demain il faut poursuivre avec tous les opérateurs, c est la condition indispensable pour n’exclure personne des connexions numériques, outils qui deviennent incontournables pour nos territoires.
    Merci à SCANI pour les réponses que vous vous efforcez d’amener au quotidien.

  • Jean Allard| 13 juillet 2020

    Bravo les amis! Beau défi relevé! Petite question bête: s’il s’agit d’une puissance d’un frigo de camping, et dans un souci d’autonomie (EDF aussi est une multinationale radioactive), serait il possible de prévoir un panneau solaire+petite batterie pour le jus?

    • bruno| 15 juillet 2020

      Pas vraiment. On a déjà tenté les installations solaires par le passé, en été ça se passe fort bien, mais en hiver, il faut quelqu’un pour aller nettoyer feuille et/ou neige sur le panneau et la charge ne tient globalement pas toute la nuit. Il suffit de quelques jours pas très ensoleillés pour que ça lâche.

      Le tout étant sur un pylône, les fixations de panneaux n’ont rien d’évident en bas et découragerai n’importe qui d’aller faire la maintenance si on les met en haut … sans compter la prise au vent.

  • Romain de Lagarde| 15 juillet 2020

    Bravo et merci pour ce compte rendu précis

  • LADOUX| 18 juillet 2020

    Bonsoir
    Nous attendons toujours la 4G sur les communes de montacher Villegardin et St Valérien !!!! Nous n’avons même pas la 3G…
    Cordialement

    • bruno| 19 juillet 2020

      Nous n’y pouvons rien … nous, on s’occupe d’internet, et on a déjà fort à faire .. 🙂

  • Morel| 28 juillet 2020

    Bravo pour vos efforts couronnés de succès bien merité.

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